Hiver froid, très froid
Avant-hier, j'ai profité de ce que les deux grands marmots étaient au (je veux pas y alleeeeer) centre de loisirs et que Titou2004 faisait sa sieste sous la garde bienveillante de son père adoré pour aller faire les boutiques.
Pour rappel, définition marmottesque de faire les boutiques : aller en centre-ville piétonnier et se balader de magasin en magasin. Regarder et tâter les sacs à main, les chaussures, les bijoux, les kits de bijoux, les livres, la lingerie, les assiettes et revenir chez soi avec des achats de vêtements uniquement en tailles 8, 6 et 3 ans.
Sauf qu'avant-hier, journée exceptionnelle, j'ai fait une entorse (ouille) à la définition : me suis acheté uniquement quelque chose pour moi. Oh ! et attention, pas n'importe quoi ! Quelque chose de totalement anachronique mais tellement prévoyant : je me suis acheté....
.... un MANTEAU.
Oui, vous avez bien lu, avant-hier, jeudi 10 août 2006, deux semaines à peine après la fin de la canicule, j'ai acheté pour ma douce personne un manteau pour l'hiver.
En tant que Mère marmotte avisée, je sais combien l'hiver peut être rude dans nos contrées grenobloises. La vie moderne étant ce qu'elle est, toute mère marmotte que je suis, je n'ai malheureusement plus la latitude d'hiberner et donc de rester bien sagement au chaud à attendre que les grands frimas se passent. Il faut donc s'y préparer sérieusement. Et, en tant que mère marmotte avisée bis, je sais aussi que dès la rentrée scolaire passée, je n'aurai plus une seconde à moi pour traînasser dans les boutiques. Donc, quand j'ai vu ce manteau et qu'il m'a plu, je n'ai pas hésité une seconde, je l'ai pris sous mon bras et suis partie en cabine pour l'essayer.
Bon, essayer un manteau en plein mois d'août, franchement, cela n'a pas été une franche partie de rigolade, parce que forcément, un manteau, c'est sensé être chaud. (m'enfin, ça n'était pas plus pénible que d'essayer un maillot deux-pièces en plein mois de février)
Et ce manteau-là est chaud, très chaud.
Une fois le manteau sur mes épaules, au bout de deux secondes, j'ai eu chaud, très très chaud. Alors j'ai vite retiré le manteau et me suis décidée, après avoir réfléchi rapidement (bon, écoute - oui, je me parle à moi-même, ça ne vous arrive jamais ? - ce manteau, il te plaît, il te va, il est disponible actuellement dans ta taille, alors, vas-y, prends- le, qu'on en parle plus, tu ne sais pas quand tu pourras revenir faire les magasins et puis peut-être qu'à ce moment-là, il n'y aura plus ta taille, alors...), à me diriger vers la caisse, le manteau toujours sous le bras.
Dignement, très dignement. Parce qu'il faut beaucoup de courage et de dignité pour assumer le fait d'être avec un manteau sous le bras à la caisse de Protam, un jeudi après-midi d'août, alors que toutes les autres clientes se disputent les derniers petits chiffons brodés de l'été.
Cette anecdote va d'ailleurs être l'occasion pour moi de vous raconter une des seules histoires drôles dont je me souvienne.
Voilà :
L'histoire se passe au Canada, au fin fond des régions les plus froides.
A la fin de l'été, un homme fraîchement (c'est le cas de le dire) installé dans le pays commence à préparer l'hiver et donc à couper du bois pour son chauffage. Au bout de quelques stères coupés, il s'en va voir son voisin, le vieux sage indien, pour lui demander :
"Vieux sage indien, toi qui connais bien le pays, peux-tu me dire si l'hiver qui arrive sera froid ?"
Le vieil indien lui répond doctement : "Oui, hiver froid, très froid"
L'homme rentre chez lui et se remet à couper du bois, afin d'être vraiment prêt à affronter l'hiver rigoureux que lui a prédit l'Indien. Mais, au bout de quelques temps, pris de doutes, il retourne voir son voisin :
"Vieux sage indien, tu m'as dit il y a quelques jours que l'hiver serait froid. Mais froid comment exactement ?"
L'Indien lui répond : "Hiver froid, froid, très très froid".
L'homme rentre chez lui et reprend sa hache. Il coupe, coupe, coupe. Il entasse, entasse, entasse. Lorsque sa cabane en rondins est entièrement entourée de bûches, impeccablement alignées, de haut en bas le long des murs extérieurs, il se décide à retourner voir le vieil Indien.
"Vieil Indien, tout ça m'intrigue. Je voudrais tellement savoir comment tu arrives à prédire la froideur de cet hiver. Explique-moi."
Et le vieux sage indien de répondre :
"Quand homme blanc couper du bois, hiver froid, très froid."
Et bien moi, j'vous dis : "Quand Mère marmotte acheter manteau, hiver froid, très froid !"